Messages : 2286 Date de naissance : 16/01/1944 Date d'inscription : 09/11/2022 Age : 80 Localisation : Picardie
Sujet: Poèmes d'auteurs de Olia Dim 9 Juil 2023 - 7:24
Rappel du premier message :
" La prospérité montre les heureux, l'adversité révèle les grands. " Pline le Jeune
" Il faut de plus grandes vertus pour soutenir la bonne fortune que la mauvaise. " La Rochefoucauld
" L'âme vile est enflée d'orgueil dans la prospérité et abattue dans l'adversité. " Epicure
" La prospérité découvre nos vices et l'adversité nos vertus. " Francis Bacon
Dernière édition par olia le Sam 10 Fév 2024 - 11:12, édité 1 fois
Auteur
Message
olia
Messages : 2286 Date de naissance : 16/01/1944 Date d'inscription : 09/11/2022 Age : 80 Localisation : Picardie
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Jeu 10 Oct 2024 - 7:14
Les colombes Poète : Germain Nouveau (1851-1920) Recueil : Premiers vers (1872-1878). Ni tout noirs, ni tout verts, couleur D'espérances jamais en fleur, Les ifs balancent des colombes, Et cela réjouit les tombes.
Elles éclatent, dans les ifs, Ainsi que des fruits excessifs, Effeuillant leurs plumes perdues Au vent des vieilles avenues.
Dans l'azur qui va s'éclairant, En haut de l'arbre le plus grand, Qui monte, tel qu'une fusée, Une entre autres est balancée.
Sous ses beaux yeux délicieux Elle semble, d'un coin des cieux, Couver l'aurore qui s'est faite Au fond du cimetière en fête.
Et chaque arbre, panache noir Du plus minable désespoir, Sous les blanches plumes en foule Est un colombier qui roucoule.
Ces oiseaux, dont les voix sont sœurs, Ces adorables obsesseurs, Ce sont évidemment les âmes Des demoiselles et des dames
Dont la tombe douce reluit Et dont la lune, chaque nuit, Epelle, à ses lueurs glacées, Les épitaphes insensées !
Germain Nouveau.
olia
Messages : 2286 Date de naissance : 16/01/1944 Date d'inscription : 09/11/2022 Age : 80 Localisation : Picardie
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Ven 11 Oct 2024 - 7:20
Les lettres Poète : Germain Nouveau (1851-1920) Recueil : Valentines (1885). Je ne veux plus lire de lettre, Sauf les lettres que le facteur Sera chargé de me remettre, Comme après tout on est le maître De lire tel ou tel auteur.
Écoutez bien, gens de la ville : Montrer, avec ou sans motif, Lettre quelconque... est bien futile. Lettre toute autre est chose... utile Rarement portée à l'actif.
Que le Duc d'Aumale s'en foute, Il ne vaut pas un sous-préfet ; Et... si j'eusse été... sur ma route, Le Général... Mignonne, écoute, Je sais fort ce que j'aurais fait.
Ce n'est rien moins qu'une merveille, On le peut, sans se déranger. C'est le secret de ma bouteille. Je pourrais le dire à l'oreille Du beau Général Boulanger.
Vous qui devinez tout, Madame, Ne divulguez rien, s'il vous plaît, Sinon, je vous écris : infâme ! Et si vous tirez votre lame, Je vous avance... mon valet.
Hé ! là ! ce que je viens de dire, Ma mignonne, c'était en l'air : On ne te voit jamais écrire. Moi, je chante et ne veut que rire : Il me semble que c'est très clair.
Je me dis avec insistance : Je n'attacherai plus de prix, Ni la plus petite importance, Qu'à ma propre correspondance, Si je me suis bien, bien compris.
Lettres laides ou Lettres belles, J'y suis doucement résigné, Je n'en lirai pas de nouvelles, Je ne lirai plus même celles De Madame de Sévigné.
Et si cette admirable Brune Me trouvait vilain garnement, Elle n'a, pour que j'en lise une, Par le facteur Rayon-de-Lune Qu'à me l'adresser, simplement.
Germain Nouveau.
NuageBleu
Messages : 849 Date de naissance : 21/04/1954 Date d'inscription : 07/11/2022 Age : 70 Localisation : Auvergne
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Ven 11 Oct 2024 - 17:01
olia
Mes Forums: http://magnetiseuse.exprimetoi.net/ http://chaumiere.forumgratuit.org/ http://mon-auvergne.forumactif.com/ http://nouslesseniors.forumactif.com/ https://la-ch-tite-bougnate.forumactif.com/
olia
Messages : 2286 Date de naissance : 16/01/1944 Date d'inscription : 09/11/2022 Age : 80 Localisation : Picardie
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Sam 12 Oct 2024 - 7:39
Les mains Poète : Germain Nouveau (1851-1920) Recueil : La doctrine de l'amour (1881). Aimez vos mains afin qu'un jour vos mains soient belles, Il n'est pas de parfum trop précieux pour elles, Soignez-les. Taillez bien les ongles douloureux, Il n'est pas d'instruments trop délicats pour eux.
C'est Dieu qui fit les mains fécondes en merveilles ; Elles ont pris leur neige au lys des Séraphins, Au jardin de la chair ce sont deux fleurs pareilles, Et le sang de la rose est sous leurs ongles fins.
Il circule un printemps mystique dans les veines Où court la violette, où le bluet sourit ; Aux lignes de la paume ont dormi les verveines ; Les mains disent aux yeux les secrets de l'esprit.
Les peintres les plus grands furent amoureux d'elles, Et les peintres des mains sont les peintres modèles.
Comme deux cygnes blancs l'un vers l'autre nageant, Deux voiles sur la mer fondant leurs pâleurs mates, Livrez vos mains à l'eau dans les bassins d'argent, Préparez-leur le linge avec les aromates.
Les mains sont l'homme, ainsi que les ailes l'oiseau ; Les mains chez les méchants sont des terres arides ; Celles de l'humble vieille, où tourne un blond fuseau, Font lire une sagesse écrite dans leurs rides.
Les mains des laboureurs, les mains des matelots Montrent le hâle d'or des Cieux sous leur peau brune. L'aile des goélands garde l'odeur des flots, Et les mains de la Vierge un baiser de la lune.
Les plus belles parfois font le plus noir métier, Les plus saintes étaient les mains d'un charpentier.
Les mains sont vos enfants et sont deux sœurs jumelles, Les dix doigts sont leurs fils également bénis ; Veillez bien sur leurs jeux, sur leurs moindres querelles, Sur toute leur conduite aux détails infinis.
Les doigts font les filets et d'eux sortent les villes ; Les doigts ont révélé la lyre aux temps anciens ; Ils travaillent, pliés aux tâches les plus viles, Ce sont des ouvriers et des musiciens.
Lâchés dans la forêt des orgues le dimanche, Les doigts sont des oiseaux, et c'est au bout des doigts Que, rappelant le vol des geais de branche en branche, Rit l'essaim familier des Signes de la Croix.
Le pouce dur, avec sa taille courte et grasse, A la force ; il a l'air d'Hercule triomphant ; Le plus faible de tous, le plus doux a la grâce, Et c'est le petit doigt qui sut rester enfant.
Servez vos mains, ce sont vos servantes fidèles ; Donnez à leur repos un lit tout en dentelles. Ce sont vos mains qui font la caresse ici-bas ; Croyez qu'elles sont sœurs des lys et sœurs des ailes : Ne les méprisez pas, ne les négligez pas, Et laissez-les fleurir comme des asphodèles.
Portez à Dieu le doux trésor de vos parfums, Le soir, à la prière éclose sur les lèvres, Ô mains, et joignez-vous pour les pauvres défunts, Pour que Dieu dans les mains rafraîchisse nos fièvres,
Pour que le mois des fruits vous charge de ses dons : Mains, ouvrez-vous toujours sur un nid de pardons.
Et vous dites, — ô vous, qui, détestant les armes, Mirez votre tristesse au fleuve de nos larmes, Vieillard dont les cheveux vont tout blancs vers le jour, Jeune homme aux yeux divins où se lève l'amour, Douce femme mêlant ta rêverie aux anges,
Le cœur gonflé parfois au fond des soirs étranges, Sans songer qu'en vos mains fleurit la volonté — Tous, vous dites : « Où donc est-il, en vérité, Le remède, ô Seigneur, car nos maux sont extrêmes ? »
— Mais il est dans vos mains, mais il est vos mains mêmes.
Germain Nouveau.
simone
Messages : 183 Date de naissance : 20/03/1941 Date d'inscription : 28/02/2023 Age : 83 Localisation : le bar sur loup région paca
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Dim 13 Oct 2024 - 18:50
Parce que c'est toi
Si tu crois un jour que je t'laisserai tomber
Pour un détail pour une futilité
N'aie pas peur je saurais bien
Faire la différence
Si tu crains un jour que je t'laisserai faner
La fin de l'été, un mauvais cap à passer
N'aie pas peur personne d'autre ne pourrait
Si facilement te remplacer
Oh non pas toi
Vraiment pas toi
Parce que c'est toi le seul à qui je peux dire
Qu'avec toi je n'ai plus peur de vieillir
Parce que c'est toi
Rien que pour ça
Parce que j'avoue je suis pas non plus tentée
De rester seule dans un monde insensé
Si tu crois un jour que tout est à refaire
Qu'il faut changer; on était si bien naguère
N'aie pas peur je ne veux pas tout compliquer
Pourquoi se fatiguer
Et commence pas à te cacher pour moi
Oh non, je te connais trop bien pour ça
Je connais par cœur ton visage
Tes désirs, ces endroits de ton corps
Qui me disent encore
Parce que nous c'est fort
Parce que c'est toi j'oserais tout affronter
Et c'est toi à qui je pourrais pardonner
Parce que c'est toi
Rien que pour ça
Parce que c'est toi je voudrais un jour un enfant
Et non pas parce que c'est le moment
Parce que c'est toi
Je veux te voir dedans
Je verrais dans ses yeux tous ces petits défauts
Parce que parfait n'est plus mon créneau
Parce que c'est toi
Parce que c'est toi le seul à qui je peux dire
Qu'avec toi je n'ai plus peur de vieillir
Parce que c'est toi
Rien que pour ça
Parce que j'avoue je suis pas non plus tentée
De rester seule dans un monde insensé
Parce que c'est to
olia
Messages : 2286 Date de naissance : 16/01/1944 Date d'inscription : 09/11/2022 Age : 80 Localisation : Picardie
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Lun 14 Oct 2024 - 7:24
Les musées Poète : Germain Nouveau (1851-1920) Recueil : La doctrine de l'amour (1881). Entrez dans les palais grands ouverts à la foule ; Un jour limpide y luit, l'heure paisible y coule, Le pied rit au miroir des parquets précieux, Et loin, dans le plafonds aussi hauts que les cieux, Bleu séjour de la muse et du Dieu sous les voiles, L'œil voit trembler des chars, des luths et des étoiles.
Sous la voûte, sur les paliers, Par les rampes en fleurs et les grands escaliers, Un courant d'air vaste circule, Et douce est la fraîcheur où vous marchez, Parmi le peuple blanc des marbres recherchés : Saluez, c'est Vénus ; admirez, c'est Hercule !
Comme vous reposez les yeux, Ô blancheur sombre des musées ! La fièvre de nos sens expire dans ces lieux, Et nos âmes y sont largement amusées.
Ô génie, ô lent créateur, Comme Dieu fait courir la sève dans les arbres, Tu fais courir la vie aux lignes des beaux marbres ; Et sur la pierre, à la hauteur Des bras de la statue ou du col de l'amphore, L'œil croit voir voltiger encore Les mains illustres du sculpteur.
Alors notre cœur se rappelle Le temps d'Auguste, l'âge où florissait Apelle ! Tout ceux dont un laurier pressait le front puissant, Le pnyx sonore où rit la troupe des esclaves, Les toges du forum, les plis des laticlaves, César spirituelI Sophocle éblouissant !
Rome, Athène ! O palais que la colline élève ! Vous, Romains, vous sculptez à la pointe du glaive ; Et vous qui soupez chez les dieux, Vous possédez la grâce et vous la versez toute, Athéniens, et c'est chez vous que l'âme écoute Le grand hymne muet qui chante pour les yeux, Le long des lignes, sous la voûte De vos temples mélodieux.
Des anciens, endormis au bruit frais des fontaines, Les âmes en rêvait se promènent ici, Caressant tous les fronts d'un regret adouci, Et font, sur les lèvres hautaines Des Romains et des Grecs et de Tibère aussi, Chuchoter un long flot de paroles lointaines.
Ô belle antiquité, toute nouvelle encor ! Berce-nous de tes bons murmures, Comme une abeille d'or, Que l'été de Paris prendrait aux roses mûres Pour la jeter en Prairial, Grisée Et bourdonnante, autour de la salle apaisée, Où, visiteur royal, Par la vitre embrasée au feu de ses prouesses, Le baiser du soleil vient dorer les déesses.
Germain Nouveau.
olia
Messages : 2286 Date de naissance : 16/01/1944 Date d'inscription : 09/11/2022 Age : 80 Localisation : Picardie
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Mar 15 Oct 2024 - 7:25
Le teint Poète : Germain Nouveau (1851-1920) Recueil : Valentines (1885). Vous êtes brune et pourtant blonde, Vous êtes blonde et pourtant brune... Aurais-je l'air, aux yeux du monde, D'arriver tout droit de la lune ?
Et cependant, on peut m'en croire, Vous êtes l'une et l'autre chose Comme Vous êtes blanche et noire, Des cheveux noire et de chair, rose.
Mais peut-on dire dans le monde, La plaisanterie est commune : « Si votre belle Amie est blonde, Elle est blonde, elle n'est pas brune ».
À moins d'arriver de la lune, Peut encor dire tout le monde : « Si votre belle Amie est brune, Elle est brune, elle n'est pas blonde ».
Pourtant ! le savez-vous mieux qu'Elle ? Leur répondrai-je (Tu supposes) Eh bien ! moi, je ne sais laquelle Elle est le plus de ces deux choses.
Bien que personne n'y consente Et qu'elle semble inconséquente, C'est une brune languissante Et c'est une blonde piquante.
Aurais-je la bonne fortune De mettre d'accord tout le monde, Concédez-moi donc qu'elle est brune, Je vous accorde qu'elle est blonde.
Elle a, pour faire à tout le monde Une concession encore, Une longue mèche de blonde Dans ces cheveux bruns, qui les dore.
Enfin, je vous dis qu'elle est brune, Je vous répète qu'elle est blonde, Et si j'arrive de la lune, Je me moque de tout le monde !
Après tout, ce n'est pas ma faute Si, sous ses longs cheveux... funèbres, Le corps blanc dont votre âme est l'hôte A du soleil... dans ses ténèbres.
Germain Nouveau.
olia
Messages : 2286 Date de naissance : 16/01/1944 Date d'inscription : 09/11/2022 Age : 80 Localisation : Picardie
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Jeu 17 Oct 2024 - 7:37
Le verre Poète : Germain Nouveau (1851-1920) Recueil : Valentines (1885). Madame, on m'a dit l'autre jour Que j'imitais... qui donc ? devine ; Que j'imitais Musset : le tour N'en est pas nouveau, j'imagine.
Musset a répondu pour nous : « C'est imiter quelqu'un, que diantre ! Écrit-il, que planter des choux En terre... ou des enfants... en ventre. »
Et craquez, corsets de satin ! Quant à moi, s'il me faut tout dire, J'imite quelqu'un, c'est certain, Quelqu'un du poétique empire.
Je m'élance sur son chemin Avec la foi bénédictine ; Cherchez dans tout le genre humain. Eh ! bien... c'est elle, Valentine.
On ne peut copier son air, Ses propos et son moindre geste, Mais son cœur ! mais son esprit fier ! Je peux attendre pour le reste.
Ça me conduira qui sait où ? Je crois être elle, ma parole ! Au lieu de dire : je suis fou, L'autre jour j'ai dit : je suis folle !
Ma personnalité, ma foi ! S'est envolée ; et ceci même, Mes vers sont d'elle et non de moi, Si toutefois elle les aime ;
Ce serait par trop hasardeux Que de mettre tout un volume Sur son dos ; si nous sommes deux, Je suis seul à tenir la plume !
Oh ! bien seul ! ne confondons pas, Je suis parfaitement le maître ; Car des fautes ou de faux pas Elle ne saurait en commettre.
Vous voyez, c'est bien différent De ce que racontait l'histoire. Ah ! Si son verre était moins grand, J'aurais voulu peut-être y boire...
Il est bien grand, en vérité ! Ne croyez pas que je badine ; Je boirai donc à sa santé, Dans le Verre de Valentine.
Germain Nouveau.
olia
Messages : 2286 Date de naissance : 16/01/1944 Date d'inscription : 09/11/2022 Age : 80 Localisation : Picardie
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Ven 18 Oct 2024 - 7:36
L'homme Poète : Germain Nouveau (1851-1920) Recueil : La doctrine de l'amour (1881). Homme dont la tristesse est écrite d'un bout Du monde à l'autre, et même aux murs de la campagne, Forçat de l'hôpital et malade du bagne ;
Dormeur maussade, à qui chaque aube dit : « Debout ! » Voyageur douloureux qu'attend la Mort, auberge Où l'on vend le lit dur et les pleurs blancs du cierge,
Tu gémis, étonné de te sentir si las ; Puis un jour tu te dis : « L'âme est un vain bagage, Et mon cœur est bien lourd pour un pareil voyage ! »
Et, sans songer que Dieu te donne ses lilas, Tu veux jeter ton cœur, tu veux jeter ton âme, Pour alléger ta marche et mieux porter la Femme ;
Par ta route et ses ponts fiers de leur parapet, Compagnon de l'orgueil, fils des froides études, Tu vas vers le malheur et vers les solitudes.
Tout plein des arguments dont l'esprit se repaît, Tu fais, pour savourer ta gloire monotone, Taire ta conscience à l'heure où le ciel tonne.
Si pourtant à ce prix tu manges à ta faim, Si tu dors calme, au creux de l'oreiller facile, Ecoute ta science et reste-lui docile ;
Si ta libre raison, la plus forte à la fin, Respire au coup mortel porté par elle au doute, Pareil au Juif errant, homme, poursuis ta route.
Sois content sans ton âme, et joyeux sans ton cœur, Sois ton corps tyran ni que et sois ta bête fauve, Fais tes traits durs et froids, fais ton iront vaste et chauve !
Mais si ton fruit superbe engraisse un ver vainqueur, Si tu bâilles, les soirs larmoyants, sous ta lampe, Tâche de réfléchir, pose un doigt sur ta tempe.
Si tu n'as toujours pas trouvé sur ton chemin, Qu'assourdit la rumeur des sabres et des chaînes Repos pour tes amours et cesse pour tes haines ;
Si ton bâton usé tâtonne dans ta main, Pauvre aveugle tremblant qui portes une sourde, La Femme, chaque jour plus énorme et plus lourde ;
Si Tentant ancien sommeille encore en toi, Gardant le souvenir de la faute première, Dis : « J'ai le dos tourné peut-être à la Lumière » ;
Dis : « J'étais un esclave et croyais être un Roi ! » Pour t'en aller gaiement, frère des hirondelles, Reprends ton cœur, reprends ton âme, ces deux ailes ;
Et grâce à ce fardeau redevenu léger, Emporte alors l'enfant, mère, sœur ou compagne, Comme l'ange en ses bras emporte la montagne ;
Enivre-toi du long plaisir de voyager ; Que ta faim soit paisible et que ta soif soit pure, Bois à tout cœur ouvert, mange à toute âme mûre !
Germain Nouveau.
olia
Messages : 2286 Date de naissance : 16/01/1944 Date d'inscription : 09/11/2022 Age : 80 Localisation : Picardie
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Lun 21 Oct 2024 - 7:41
L'idéal Poète : Germain Nouveau (1851-1920) Recueil : Valentines (1885). L'honneur permet la galanterie quand elle est unie à L'idée de sentiments du cœur, ou à l'idée de conquête. Montesquieu.
Mon idéal n'est pas : mon ange, À qui l'on dit : mon ange, mange ; Tu ne bois pas, mon ange aimé ? Un pauvre ange faux et sans ailes Que les plus sottes ritournelles Ont étrangement abimé.
Mon idéal n'est pas : ma chère, De l'amant qui fait maigre chère, Et dit chère, du bout des dents, Moins chère que ma chère tante, Ou que la chaire protestante Où gèlent les sermons prudents.
Mon idéal n'est pas : ma bonne ! Ce n'est pas la bonne personne, Celle dont on dit, et comment ! « Elle est si bonne ! elle est si douce ! » Et qui jamais ne vous repousse, Madone du consentement !
Non ! mon idéal, c'est la femme Féminine de corps et d'âme, Et femme, femme, femme, bien, Bien femme, femme dans les moelles, Femme jusqu'au bout de ses voiles, Jusqu'au bout des doigts n'étant rien.
Une petite femme haute, Capable de punir la faute, Et de mépriser le Pervers, Qui ne peut souffrir que l'aimable Dans son salon, ou dans la fable, Aussi bien en prose qu'en vers.
Une petite femme sûre De trouver l'âme à sa mesure Après... un petit brin de cour, Et le chevalier à sa taille Avant... l'heure de la bataille, Oui, car... c'est la guerre, l'Amour,
Je vous dis l'Amour, c'est la guerre. En guerre donc ! tu m'as naguère Sacré ton chevalier féal ! Je vais sortir de ma demeure ! Je vaincrai, Madame, où je meure ! Car vous êtes mon idéal !
Comme un dur baron qui se fâche Contre le pillard ou le lâche, Quittait le fort seigneurial, Je saisis ma lance et mon casque Avec le panache et... sans masque, Car vous êtes mon idéal !
Armé de ma valeur intime, Oui, coiffé de ma propre estime, Je m'élance sur mon cheval : Le temps est beau, la terre est ronde, Je ris au nez de tout le monde ! Car vous êtes mon idéal !
La lance autant que l'âme altière, Nous jetons à la terre entière Le gant, certes ! le plus loyal. Mon bon cheval ne tarde guère, Allons ! Et vole au cri de guerre ! Tous ! Valentine est l'Idéal !
Germain Nouveau.
olia
Messages : 2286 Date de naissance : 16/01/1944 Date d'inscription : 09/11/2022 Age : 80 Localisation : Picardie
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Mar 22 Oct 2024 - 7:39
Muses, souvenez-vous Poète : Germain Nouveau (1851-1920) Recueil : Premiers vers (1872-1878). Dixain.
Muses, souvenez-vous du guerrier, — de l'ancien Qui ne fut général ni polytechnicien, Mais qui charma dix ans les mânes du grand Hômme ! Cet invalide était la gaîté de son dôme. Mon cœur est plein du bruit de sa jambe de bois. Pauvre vieux ! j'ai rêvé de vous plus d'une fois, La nuit, quand passe au ciel, avec ses gros yeux vides, La lune au nez d'argent, astre des invalides, Ou que le vent se meurt, comme un chant du départ... Et j'ai fait encadrer le mot de faire-part.
Germain Nouveau.
olia
Messages : 2286 Date de naissance : 16/01/1944 Date d'inscription : 09/11/2022 Age : 80 Localisation : Picardie
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Ven 25 Oct 2024 - 7:33
Poison perdu Poète : Germain Nouveau (1851-1920) Recueil : Premiers vers (1872-1878). Sonnet.
Des nuits du blond et de la brune Pas un souvenir n'est resté Pas une dentelle d'été, Pas une cravate commune ;
Et sur le balcon où le thé Se prend aux heures de la lune Il n'est resté de trace, aucune, Pas un souvenir n'est resté.
Seule au coin d'un rideau piquée, Brille une épingle à tête d'or Comme un gros insecte qui dort.
Pointe d'un fin poison trempée, Je te prends, sois-moi préparée Aux heures des désirs de mort.
Germain Nouveau.
olia
Messages : 2286 Date de naissance : 16/01/1944 Date d'inscription : 09/11/2022 Age : 80 Localisation : Picardie
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Lun 28 Oct 2024 - 7:17
Sonnet d'été
Poète : Germain Nouveau (1851-1920)
Recueil : Premiers vers (1872-1878).
Nous habiterons un discret boudoir,
Toujours saturé d'une odeur divine,
Ne laissant entrer, comme on le devine,
Qu'un jour faible et doux ressemblant au soir.
Une blonde frêle en mignon peignoir
Tirera des sons d'une mandoline,
Et les blancs rideaux tout en mousseline
Seront réfléchis par un grand miroir.
Quand nous aurons faim, pour toute cuisine
Nous grignoterons des fruits de la Chine,
Et nous ne boirons que dans du vermeil ;
Pour nous endormir, ainsi que des chattes
Nous nous étendrons sur de fraîches nattes ;
Nous oublirons tout, — même le soleil !
Germain Nouveau.
olia
Messages : 2286 Date de naissance : 16/01/1944 Date d'inscription : 09/11/2022 Age : 80 Localisation : Picardie
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Mer 30 Oct 2024 - 7:35
Sonnet - Khatoum Poète : Germain Nouveau (1851-1920) Recueil : Sonnets du Liban (1883). Oh ! peindre tes cheveux du bleu de la fumée, Ta peau dorée et d'un ton tel qu'on croit y voir presque Une rose brûlée ! et ta chair embaumée, Dans les grands linges d'ange, ainsi qu'en une fresque,
Qui font plus brun ton corps gras et fin de mauresque, Qui fait plus blanc ton linge et ses neiges d'almée, Ton front, tes yeux, ton nez et ta lèvre pâmée Toute rouge, et tes cils de femme barbaresque !
Te peindre en ton divan et tenant ton chibouk, Parmi tes tapis turcs, près du profil de bouc De ton esclave aux yeux voluptueux, et qui,
Chargé de t'acheter le musc et le santal, Met sur un meuble bas ta carafe en cristal Où se trouble le flot brumeux de l'araki.
Germain Nouveau.
NuageBleu
Messages : 849 Date de naissance : 21/04/1954 Date d'inscription : 07/11/2022 Age : 70 Localisation : Auvergne
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Mer 30 Oct 2024 - 8:24
olia
Mes Forums: http://magnetiseuse.exprimetoi.net/ http://chaumiere.forumgratuit.org/ http://mon-auvergne.forumactif.com/ http://nouslesseniors.forumactif.com/ https://la-ch-tite-bougnate.forumactif.com/