Romance Poète : Gérard de Nerval (1808-1855) Recueil : Poèmes divers. Ah ! sous une feinte allégresse Ne nous cache pas ta douleur ! Tu plais autant par ta tristesse Que par ton sourire enchanteur À travers la vapeur légère L'Aurore ainsi charme les yeux ; Et, belle en sa pâle lumière, La nuit, Phœbé charme les cieux.
Qui te voit, muette et pensive, Seule rêver le long du jour, Te prend pour la vierge naïve Qui soupire un premier amour ; Oubliant l'auguste couronne Qui ceint tes superbes cheveux, À ses transports il s'abandonne, Et sent d'amour les premiers feux !
Gérard de Nerval.
Mylène
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Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Mer 28 Fév - 7:52
Sonnet Poète : Gérard de Nerval (1808-1855) Recueil : Poèmes divers. Il a vécu tantôt gai comme un sansonnet, Tour à tour amoureux insoucieux et tendre, Tantôt sombre et rêveur comme un triste Clitandre. Un jour il entendit qu'à sa porte on sonnait.
C'était la Mort ! Alors il la pria d'attendre Qu'il eût posé le point à son dernier sonnet ; Et puis sans s'émouvoir, il s'en alla s'étendre Au fond du coffre froid où son corps frissonnait.
Il était paresseux, à ce que dit l'histoire, Il laissait trop sécher l'encre dans l'écritoire. Il voulait tout savoir mais il n'a rien connu.
Et quand vint le moment où, las de cette vie, Un soir d'hiver, enfin l'âme lui fut ravie, Il s'en alla disant : Pourquoi suis-je venu ?
Gérard de Nerval.
olia
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Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Jeu 29 Fév - 7:32
Stances élégiaques Poète : Gérard de Nerval (1808-1855) Recueil : Poèmes divers. Ce ruisseau, dont l'onde tremblante Réfléchit la clarté des cieux, Paraît dans sa course brillante Étinceler de mille feux ; Tandis qu'au fond du lit paisible, Où, par une pente insensible, Lentement s'écoulent ses flots, Il entraîne une fange impure Qui d'amertume et de souillure Partout empoisonne ses eaux.
De même un passager délire, Un éclair rapide et joyeux Entr'ouvre ma bouche au sourire, Et la gaîté brille en mes yeux ; Cependant mon âme est de glace, Et rien n'effacera la trace Des malheurs qui m'ont terrassé. En vain passera ma jeunesse, Toujours l'importune tristesse Gonflera mon coeur oppressé.
Car il est un nuage sombre, Un souvenir mouillé de pleurs, Qui m'accable et répand son ombre Sur mes plaisirs et mes douleurs. Dans ma profonde indifférence, De la joie ou de la souffrance L'aiguillon ne peut m'émouvoir ; Les biens que le vulgaire envie Peut-être embelliront ma vie, Mais rien ne me rendra l'espoir.
Du tronc à demi détachée Par le souffle des noirs autans, Lorsque la branche desséchée Revoit les beaux jours du printemps, Si parfois un rayon mobile, Errant sur sa tête stérile, Vient brillanter ses rameaux nus, Elle sourit à la lumière ; Mais la verdure printanière Sur son front ne renaîtra plus.
Gérard de Nerval.
Mylène
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Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Jeu 29 Fév - 14:20
olia
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Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Ven 1 Mar - 7:39
Avec plaisir ma petite Mylène
olia
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Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Ven 1 Mar - 7:39
Une allée du Luxembourg Poète : Gérard de Nerval (1808-1855) Recueil : Odelettes (1853). Elle a passé, la jeune fille Vive et preste comme un oiseau À la main une fleur qui brille, À la bouche un refrain nouveau.
C'est peut-être la seule au monde Dont le coeur au mien répondrait, Qui venant dans ma nuit profonde D'un seul regard l'éclaircirait !
Mais non, — ma jeunesse est finie... Adieu, doux rayon qui m'as lui, — Parfum, jeune fille, harmonie... Le bonheur passait, — il a fui !
Gérard de Nerval.
olia
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Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Sam 2 Mar - 7:34
Une femme est l'amour Poète : Gérard de Nerval (1808-1855) Recueil : Poèmes divers. Une femme est l'amour, la gloire et l'espérance ; Aux enfants qu'elle guide, à l'homme consolé, Elle élève le cœur et calme la souffrance, Comme un esprit des cieux sur la terre exilé.
Courbé par le travail ou par la destinée, L'homme à sa voix s'élève et son front s'éclaircit ; Toujours impatient dans sa course bornée, Un sourire le dompte et son cœur s'adoucit.
Dans ce siècle de fer la gloire est incertaine : Bien longtemps à l'attendre il faut se résigner. Mais qui n'aimerait pas, dans sa grâce sereine, La beauté qui la donne ou qui la fait gagner ?
Gérard de Nerval.
olia
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Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Dim 3 Mar - 7:31
Vers dorés Poète : Gérard de Nerval (1808-1855) Recueil : Les chimères (1854). Eh quoi ! tout est sensible ! Pythagore.
Homme, libre penseur ! te crois-tu seul pensant Dans ce monde où la vie éclate en toute chose ? Des forces que tu tiens ta liberté dispose, Mais de tous tes conseils l'univers est absent.
Respecte dans la bête un esprit agissant : Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ; Un mystère d'amour dans le métal repose ; « Tout est sensible ! » Et tout sur ton être est puissant.
Crains, dans le mur aveugle, un regard qui t'épie : À la matière même un verbe est attaché... Ne le fais pas servir à quelque usage impie !
Souvent dans l'être obscur habite un Dieu caché ; Et comme un œil naissant couvert par ses paupières, Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres !
Gérard de Nerval.
olia
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Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Lun 4 Mar - 7:39
Messages : 1957 Date de naissance : 16/01/1944 Date d'inscription : 09/11/2022 Age : 80 Localisation : Picardie
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Mar 5 Mar - 7:30
Espérons que cela finira Poète : François-Marie Robert-Dutertre (1815-1898) Recueil : Les loisirs lyriques (1866). Ce que l'on voit dans le temps où nous sommes Ne peut manquer d'attrister le regard. Tels nains grandis pensent être des hommes, Et tout est faux en ce siècle bâtard. La courtisane, après la quarantaine, Dit que jamais sa vertu ne sombra ; Les faux-dévots se comptent par centaine ; Mais espérons que cela finira.
Les cléricaux, voulant frauder l'histoire, De Loriquet enseignent les leçons, Chargeant ainsi notre jeune mémoire De faits menteurs et de contrefaçons. L'index est mis sur la philosophie, Tout le savoir est dans l'Alléluia. La sainte ligue est là qui nous défie, Mais espérons que cela finira.
Tous les valets ne sont pas à l'office, Plus d'un s'étale assis sur le velours ; La vertu souffre, opulent est le vice ; Cela s'est vu et se verra toujours. Mais ce qui met le comble à la bassesse, Ce que chacun avec nous blâmera, C'est d'encenser tant d'abjecte souplesse ; Mais espérons que cela finira.
Tel roi penché sur la carte d'Europe, A son voisin donne un peuple en cadeau ; Pour le garder sa troupe l'enveloppe Comme un berger fait parquer son troupeau. Eh bien ! pourtant, ce voleur de royaume Trouve un flatteur qui le glorifiera. L'aigle aux deux becs triomphe sur son dôme ; Mais espérons que cela finira.
Chacun est fou d'un rêve qu'il caresse ; Les gens de rien, haussés sur leurs talons, Veulent se faire égaux de la noblesse, Et des marquis trafiquent leurs galons. Voilà pourquoi l'on voit sur la planète Tant de vilains dont l'avenir rira, S'ennoblissant, grâce à la savonnette ; Mais espérons que cela finira.
Puisque les grands ont ainsi leurs tocades Et qu'il leur faut des titres pour joujoux, Amis, plaignons tous ces pauvres malades Dont le cerveau s'emplit de rêves fous ; Puisque c'est nous qui sommes les vrais sages, Dans sa bonté le ciel nous sourira. Ouvrons ensemble une ère à d'autres âges, En espérant que cela finira.
François-Marie Robert-Dutertre.
Mylène
Messages : 152 Date de naissance : 27/11/1950 Date d'inscription : 21/11/2023 Age : 73 Localisation : Haut de France
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Mar 5 Mar - 13:57
Olia
simone
Messages : 170 Date de naissance : 20/03/1941 Date d'inscription : 28/02/2023 Age : 83 Localisation : le bar sur loup région paca
Sujet: belle poesie Mar 5 Mar - 18:00
Ce matin ... je me suis parlé...
Moi aussi tu sais il m'est arrivé un beau matin de devoir repenser ma vie ... J'en avais gaspillé plus de la moitié ... dans l'oubli ... à ne penser qu'aux autres ...
Tout comme toi ... peut-être ... je me souviens très bien du matin où... je suis entré en conversation ... avec moi-même ...
Ce ne fut pas facile ... au début ... de revoir ces images de ma vie en lambeaux mais je voulais les regarder ... j'avais laissé tellement de gens jouer avec mon coeur tellement de gens détruire mon âme et me blesser
J'avais du regret pour le mal ... que je me suis laissé faire par eux ... et ce matin-là c'était comme dans un rêve plus, j'essayais de me parler plus, je me sentais étrangère à ma propre vie
Là... j'ai beaucoup pleuré ... et j'ai osé pour la première fois me regarder et m'écouter J'ai vu alors ... la femme que j'étais vraiment et je me suis pardonnée ...
Pardonnée ... de m'être oubliée ...
Toute ma vie je me suis sentie fragile et démunie c'est pour ça d'ailleurs que j'écris ...
Je suis une rêveuse ... une solitaire ... une petite femme éphémère avec un coeur grand comme l'océan qui a aimé ... jusqu'au bout de son sang
Il y a toujours des larmes dans mes yeux ... Ça c'est pour toutes les fois où je n'ai pas voulu baisser les armes ... J'aurais pourtant dû comprendre ... bien avant ... qu'entre deux pays il y a un océan ...
J'ai passé plus de la moitié de ma vie dans le rêve ... maintenant ... je n'ai plus besoin d'anesthésie je veux vraiment parler à la femme que je suis ...
Ce matin-là j'ai effacé de ma vie tous les souvenirs amers les mauvais rêves et tout ce qui m'avait fait souffrir ... Je n'ai gardé que le merveilleux et c'est là ... que les larmes sont revenues dans mes yeux...
Là, j'ai souris ... et j'ai compris ... que je ne serais plus jamais seule... pour pleurer....
Je venais à peine de me rencontrer ...
auteur : Claire de la Chevrotière
olia
Messages : 1957 Date de naissance : 16/01/1944 Date d'inscription : 09/11/2022 Age : 80 Localisation : Picardie
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Mer 6 Mar - 7:41
Graziella Poète : François-Marie Robert-Dutertre (1815-1898) Recueil : Les loisirs lyriques (1866). Elle croyait, hélas ! pauvre enfant du rivage, Pouvoir suivre en son vol et ses brûlants essors, L'âme de Lamartine, alors que sur la plage Il préludait près d'elle à ses premiers accords. Vierge et Napolitaine, à ces chants d'harmonie Son amour s'enflamma ; Mais pour s'être allumée aux flammes du génie Sa jeune âme se consuma.
Et l'on dit que sur la grève, Où dans son amoureux rêve Cet ange au ciel s'envola, La blanche vague murmure, Comme une voix fraîche et pure, Le nom de Graziella, Le nom de Graziella, Graziella,
Chaque jour, elle allait se pencher sur l'abîme, De son regard au loin interrogeant les flots ; Enfin, mourant d'amour, la plaintive victime Se sentant défaillir, fit entendre ces mots : « Oh ! par pitié, reviens, beau poète de France ! Reviens, que je meure en tes bras ! » Et les échos des mers redisaient sa souffrance, Mais le poète ne vint pas.
Et l'on dit que sur la grève, Où dans son amoureux rêve Cet ange au ciel s'envola, La blanche vague murmure, Comme une voix fraîche et pure, Le nom de Graziella, Le nom de Graziella, Graziella.
Mais un jour, entraîné par sa mélancolie Et le lien secret d'un premier souvenir, Le poète de France, aux rives d'Italie, Au toit du marinier se plut à revenir ; Et trouvant vide alors ce doux nid de colombe, Cette cabane aux bords des mers, Il épancha sans bruit, en cherchant une tombe, De doux vers et des pleurs amers.
Car on dit que sur la grève, Où dans son amoureux rêve Son ange au ciel s'envola, La blanche vague murmure, Comme une voix fraîche et pure, Le nom de Graziella, Le nom de Graziella, Graziella.
François-Marie Robert-Dutertre.
simone
Messages : 170 Date de naissance : 20/03/1941 Date d'inscription : 28/02/2023 Age : 83 Localisation : le bar sur loup région paca
Sujet: poésie Mer 6 Mar - 17:32
L’Homme Intérieur
Il y a l’homme intérieur Celui qui est caché Celui qu’on ne voit pas Celui qui aimerait être connu Celui qui n’a pas de carapace Celui qui crie : j’existe Celui qui a faim de vérité Celui affamé de pureté
Celui …
Celui qui veut être délivré De son cocon terrestre Celui de sa vraie nature Sa nature spirituelle Sa nature céleste Sa nature délivrée Du péché originel Sa nature éternelle
Alors …
Vient ami(e) Prends-moi la main Ne regarde pas en arrière Ne regarde pas ce monde Ce monde d’hommes Ce monde d’imperfection Ce monde corrompu Qui doit disparaître
Patrick Etienne
olia
Messages : 1957 Date de naissance : 16/01/1944 Date d'inscription : 09/11/2022 Age : 80 Localisation : Picardie
Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Jeu 7 Mar - 7:22
La belle Espagnole Poète : François-Marie Robert-Dutertre (1815-1898) Recueil : Les loisirs lyriques (1866). La belle qui fait mon supplice A l'œil mutin, plein de malice, Et son bras nu vaut un trésor ; On voit qu'elle fut, en Espagne, Bercée aux vents de la montagne, Sous les baisers d'un soleil d'or.
Sa taille est plus fine et gentille Qu'on n'en vit jamais en Castille ; Ses cheveux sont beaux à ravir, Et l'éclair, au sein de l'orage, Luit moins que son œil sous l'ombrage Des bosquets du Guadalquivir.
A Séville comme à Grenade, Maint amoureux en embuscade, Adore en ses brûlants tourments Moins blanches dents, bouche moins rose, Et va dépensant vers et prose Pour des petits pieds moins charmants.
Il lui plairait fort dans la plaine De pousser jusqu'à bout d'haleine Un noble et fringant palefroi, Portant grelots à sa crinière ; Puis d'agiter une bannière Comme un héraut d'armes du roi.
On voit à ses airs d'Andalouse Qu'elle serait folle et jalouse D'un amant, son heureux vainqueur, Et que son stylet de Tolède, A sa rivale, belle ou laide, Aurait bientôt percé le cœur.
Elle est le rêve de ma vie, Et chaque jour je meurs d'envie Que son corset plus négligent S'entrouvre aux brises sous les saules, Pour que la lune à ses épaules Attache un doux reflet d'argent.
Non, jamais ineffable ivresse, Dont le doux souvenir m'oppresse, Jamais je n'oublierai le jour Où sur son front posant ma lèvre Je sentis une ardente fièvre Avec un long frisson d'amour.
François-Marie Robert-Dutertre.
olia
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Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Ven 8 Mar - 7:27
La belle orgueilleuse Poète : François-Marie Robert-Dutertre (1815-1898) Recueil : Les loisirs lyriques (1866). Chacun de vos attraits vaut une sérénade ; Votre bouche semble être une rouge grenade, Où quiconque vous voit, voudrait pouvoir poser Avec un mot d'amour un doux et chaud baiser.
Vos yeux brillants et purs, feu sacré de vestale, Sont deux miroirs charmants où le ciel bleu s'étale. Divine est votre gorge, élastique oreiller, Où l'amour las et calme aimerait sommeiller.
Vos tresses sur le cou, du goût coquet manège, Ont l'air de noirs serpents couchés sur de la neige, Et le désir qui rêve à mille autres trésors, Fait voler après vous des essaims d'Almanzors.
Telle au milieu de l'onde apparaît la Sirène, Telle on voit onduler votre taille de reine, Lorsqu'en tout point pareille aux trois Grâces, vos sœurs, Vous semblez vous bercer dans le flot des danseurs.
Vous eussiez été fée au pays des chimères. Mais tous ces dons hélas ! comme ils sont éphémères ! Quand huit lustres encore sur vous auront passé, Quel charme aurez-vous en qui ne soit effacé.
Un rictus édenté sous des lèvres pâlies, Fera rire à leur tour d'autres femmes jolies ; Vos yeux ternes seront comme un foyer éteint, Et de bistre le temps aura peint votre teint.
Sur le front cheveux gris comme du givre aux branches. Plus de fermes rondeurs et plus de formes blanches. Vos contours affaissés tournant au parchemin, Ne sauront plus frémir au contact de la main.
Et votre pied ira traînant une pantoufle ; Et de votre poitrine ayant à peine un souffle, Il ne sortira plus, comme dans vos beaux jours, Un doux timbre argentin qui tant charmait toujours.
Le temps est bon marcheur et son pas sûr et presto Posera son empreinte ainsi sur tout le reste ; Et frimaire voilant le ciel de floréal. Ne vous laissera pas même un rêve idéal.
Quelle leçon tirer de cet ordre logique Du drame de la vie au dénouement tragique ? — Pour mâter tout orgueil, pensez au temps des pleurs Comme on songe à l'hiver même aux doux mois des fleurs.
François-Marie Robert-Dutertre.
olia
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Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Sam 9 Mar - 7:25
La jeune Arménienne Poète : François-Marie Robert-Dutertre (1815-1898) Recueil : Les loisirs lyriques (1866). Veux-tu, jeune étranger, habiter nos rivages ? Veux-tu fixer tes pas sous ce ciel radieux ? Viens là-bas avec moi sous ces palmiers sauvages, Viens, je révélerai mes charmes à tes yeux.
Sais-tu ce qu'est l'amour aux climats de l'Asie ? C'est un hymne sans fin sur la lyre du cœur ; C'est un parfum formé de miel et d'ambroisie, C'est sur la lèvre en feu le fruit plein de saveur.
Allons, bel étranger, laisse là ta patrie ; Vois mes longs cheveux noirs flottants sur mes bras nus, Lis mon âme en mes yeux brûlants d'idolâtrie ; Reste et je te promets des bonheurs inconnus.
François-Marie Robert-Dutertre.
olia
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Sujet: Re: Poèmes d'auteurs de Olia Dim 10 Mar - 7:24
L'âme rêvée Poète : François-Marie Robert-Dutertre (1815-1898) Recueil : Les loisirs lyriques (1866). Il est une âme enfin que comprend et devine Mon âme ranimée, échappant aux ennuis ; Car mes regards ont vu cette femme divine Que j'avais tant rêvée en mes plus belles nuits. Petits oiseaux, venez près d'elle Et par vos chants et vos baisers, Par vos doux frémissements d'aile Et vos désirs inapaisés, Petits oiseaux, couple fidèle, Portez le trouble en ses pensers.
Ses yeux purs et charmants ont un éclat si tendre Et sa voix pénétrante a des accents si doux, Que les anges du ciel, pour la voir et l'entendre, Descendent empressés et remontent jaloux. Étoile qui fuis dans l'espace, Si tu la surprends quelque soir, Plus rêveuse suivant ta trace De son œil langoureux et noir, Dis-lui que je l'aime, et de grâce Pour moi demande un peu d'espoir.
Pour avoir contemplé sa pâleur éclatante Mon front en gardera le reflet désormais ; Et pourtant je sais bien, languissant dans l'attente, Que son cœur tout à Dieu ne m'aimera jamais. Ô cher objet de mon envie, Au nom si doux à révéler Qu'il est sur ma bouche ravie Sans cesse prêt à s'envoler, Je me tairai toute ma vie, Mais laisse mes yeux te parler.